Subject: Le Seigneur du Pipo - Chapitre XIX - Un doigt vers le Créateur Céleste |
Author:
Graham
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Date Posted: 01:22:53 05/29/02 Wed
In reply to:
Graham
's message, "Le Seigneur du Pipo - Chapitre XVIII – Rhézousse soit loué" on 18:46:35 05/28/02 Tue
La lumière jaillit soudain de l'obscurité glaciale du conduit mousseux dans lequel glissaient Sady et Gramon. Il tenait toujours l'anneau nouvellement retrouvé fermement au creux de sa main, au moment où les deux hobbits finirent leur descente vertigineuse dans un tapis herbeux. Quelques feuilles se soulevèrent dans le choc. " Quelle chance ! " dit la Béhenne en tapotant les brindilles denses qui avaient amorti leur chute. Alors que Gramon reprenait péniblement ses esprits, le grondement rocheux se fit entendre à nouveau, beaucoup plus distinct maintenant qu'ils étaient à l'air libre. Un gigantesque bloc de granit dévalait la butte au-dessus d'eux, déchirant de sa masse destructrice le tissu de ronces de la colline. Il passa en trombe à quelques mètres des hobbits pétrifiés et s'écrasa bruyamment contre le muret qui courait le long du sentier en contrebas. La forme qui gisait, brisée en trois, était oblongue, et Gramon reconnut un bras, un avant-bras et une main de pierre. Les deux doigts inertes de la main semblaient pointer un bosquet rempli de champignons sur le sentier.
C'est alors que les deux voyageurs entendirent des voix provenant du petit chemin de terre.
" Vite ! Cachons-nous ! " Sady se blottit dans le massif herbeux qui les avait réceptionné, et Gramon s'empressa d'en faire autant. Il craignait le retour les moines de Rhézousse, furieux sans doute d'avoir été semés par les autres hobbits. Les voix se firent plus claires. L'une était une forte voix de femme, parlant en Bask ; tandis que l'autre était celle d'un homme âgé, qui lui semblait familière. " C'est le moine qui gardait la statue de Rhézousse ! ", chuchota Gramon à l'oreille de la Béhenne. Elle lui intima d'ouvrir les oreilles pour écouter les deux Bask qui conversaient à quelques mètres en-dessous d'eux. Traduit de la langue Bask, cette conversation donnait :
" Tu as vu ça Maïté ? C'est une catastrophe ! Le bras de Rhézousse pointait depuis des siècles fièrement vers le Créateur Céleste, et maintenant... maintenant...
- C'est sûrement la faute de ces étrangers. Ces sales voleurs d'offrandes !
- J'espère que les frères auront réussi à les attraper pour les punir de leur sacrilège, rumina le prêtre.
- En tous cas, si Gorjugla était là, lui au moins, il saurait leur apprendre le respect !
- Certes ! Votre frère a toujours su faire régner l'ordre sur nos terres. Je regrette qu'il se soit exilé. "
Gramon sentait la peur le prendre à la gorge. Quelle horreur ! Il osait à peine imaginer ce qu'aurait pu leur faire l'ogre Gorjugla s'ils avaient croisé sa route à San Sebastian. Il fut prit d'une soudaine irrésistible envie d'utiliser l'anneau qu'il tenait dans la main. Son contact le rassurait, mais malgré cela il se retint. Les paroles du druide Kastah lui revinrent à l'esprit : " Surtout, n'utilise l'anneau en aucun cas ! Son pouvoir est bien trop dangereux. " Pour résister à la peur, il s'agrippa aux fougères de toutes ses forces, mais dans son mouvement, il glissa légèrement. Sady le rattrapa tout juste.
" Quel est ce bruit ? " Maïté s'était retournée vers les fourrés où se trouvaient les hobbits. Les battements de leurs cœurs s'accélérèrent. Alors que l'ogresse et le prêtre jetaient des regards méfiants aux alentours, un chat bondit hors du petit bosquet aux champignons qui se trouvait non loin de là.
" C'était juste un chat sacré. Ces pauvres créatures sont très agitées, ces temps-ci. ", dit le prêtre avec affection. Il reprit alors la route de la cité, emboîtant le pas à Maïté qui descendait déjà le chemin de terre, le long de la colline qui donnait sur la baie.
S'assurant que les deux Basks étaient bien partis, Sady et Gramon sortirent de leur cachette de verdure, et contemplèrent le bloc de pierre sacré. Un rayon de lumière passa alors entre les arbres qui les surplombaient, révélant un reflet sur le bras de la statue de Rhézousse.
" Regarde ce morceau de pierre, Sady ! Il brille d'une lueur étrange… " La Béhenne se pencha alors sur le morceau du doigt de granit taillé. La pierre était fendue au niveau de la bague de pierre qui avait été sculptée dans l'index droit de Rhézousse. La lumière était reflétée par un objet métallique dans les entrailles de la pierre. S'emparant d'une grosse pierre sur le bord du chemin, Sady frappa la main de Rhézousse pour élargir l'entaille. Son geste délivra un anneau d'argent, qui était incrustés dans la pierre qui le représentait sur l'index de Rhézousse pointant vers le ciel. Les deux hobbits se fixèrent un moment, d'abord stupéfaits puis pensifs. Sady les prit dans la main pour les voir de plus près, tout en retirant la poussière qui les recouvrait. " Tu as vu comme cet anneau est brillant ! "
Il y eut un bruissement dans les fourrés derrière eux. " - L'anneau de Rhézousse ! Qu'il soit loué ! Vous l'avez retrouvé ! " Sady et Gramon se retournèrent subitement, mais n'aperçurent personne. " Hého ! Je suis là ! ", s'exclama le nain qui se tenait à leurs pieds.
***
Les six hobbits avaient réussi à échapper aux moines qui les poursuivaient. De retour dans la cité de San Sebastian, ils tournèrent dans une ruelle et complimentèrent Jessie.
" Dis moi, Jessie, quelle idée géniale que de renverser les bouteilles de lait sur le chemin ! s'exclama Walgorone.
- Très ingénieux ! Tous les chats du coin se sont rués sur la flaque de lait et on fait barrage aux moines qui nous suivaient ! ajouta Mormon
- Bien sûr, ils n'auraient pas osé marcher sur la queue d'un de leurs chats sacrés ! précisa Gonia, qui connaissait la culture espagnole.
- Euh, vous savez, commença Jessie, j'ai juste trébuché sur les pots qui traînaient sur le bord du sentier...
- Qu'importe, Jessie ! Tu nous as sauvés, dit Goo-Peel. Ils sont vraiment furieux, ces Basks ! "
Il se passa deux secondes pendant lesquelles les hobbits réalisèrent qu'ils n'étaient que six. Golen se retourna pour voir le chemin d'où ils étaient venus, montant vers la colline. " Mais où sont Sady et Gramon ? " Ils ne se doutaient pas que pendant ce temps, les disparus avaient rencontré Donostia, le Nain Ermite de la Colline de Rhézousse.
***
" Je ne sais pas ce que c'est précisément, mais sa composition chimique est saisissante. " Camomille la Chimiste reposa son tube à essais, dans lequel elle avait effectué diverses réactions spectaculaires, que Fanny et Sonya avaient contemplées avec intérêt. Elles se trouvaient toutes les trois dans le laboratoire orange de Camomille. " Vous voyez ce dépôt, là ? " continua-t-elle tandis que les deux spectatrices acquiesçaient, " C'est la trace d'un alcool. Et puis le précipité dans ce tube indique la présence d'iode dans le composé. Tandis que cette coloration est typique du… phosphore ? Camomille n'en revenait pas. Mais où avez-vous trouvé cet échantillon ?
- En fait, nous l'avons raclé du mur d'une salle de l'Unité Régionale de Tilékhom, à Karkefou, dit la Fée Final Fanny. Là où travaille Yannor.
- Là où travaille le Chaudoudou, précisa Sonya avec un sourire tout lutin.
- Eh bien, à moins que je ne me trompe, à part les composés carbonés communs qui constituent cet échantillon noir, il contient une part non négligeable de ce que je qualifierais d'alcool d'iodure de diphosphate. La Chimiste vit deux paires d'yeux s'écarquiller devant elle. Pour simplifier, si vous voulez, on pourrait traduire la formule compacte de cet alcool ainsi. "
La Chimiste prit un morceau de craie et traça les symboles suivants au tableau noir.
IP2-OH
La Lutine et la Fée lui lancèrent un regard empli d'incompréhension. Remarquant leur perplexité, Camomille rectifia quelque peu la formule. " Enfin, si on détaille, ce composé s'écrirait plutôt ainsi… " Sur le tableau noir, les cinq lettres du composé ressortaient clairement :
PIPOH
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